La foi chrétienne présentée en quelques mots à des amis musulmans

Buisson or

Ce texte a été donné lors de la rencontre prêtres -imams à Lyon en 2007. Il vise une présentation simple mais fondamentale de la foi chrétienne catholique à des musulmans.

Dieu nous aime !

C’est la première chose que diront les chrétiens.

Et cela, c'est avec Jésus que nous l’avons appris. Il est l’Envoyé de Dieu. Plus encore, il vient de Dieu et le Credo - la confession de foi des chrétiens - dit de lui : "engendré, non pas créé, de même  nature que le Père."

Comment comprendre cela ? Tout ce que Dieu avait à nous dire sur lui, sur nous, son amour paternel, il nous l’a fait savoir dans la personne même de Jésus. Au fil des rencontres de la vie, par tous ses gestes, son enseignement, sa manière d’être, Jésus est le visage du Dieu invisible. Ce n’est donc pas d’abord dans un livre que nous apprenons comment Dieu aime sa créature préférée – l’homme – c’est dans une relation : celle de Jésus avec Dieu qu’il appelle Abba, Père, et aussi dans la relation de Jésus avec ceux qu’il rencontre. Et tous ceux qu’il rencontre, il les accueille au nom de son Père du ciel, il les guérit, il les remet debout, il les enseigne.

Jésus, c’est l’accueil de Dieu, c’est la miséricorde de Dieu.

Il nous a fait connaître Dieu comme le Père très aimant. Avec lui, nous osons Le prier en disant : « Notre Père qui es aux cieux… ». C’est notre prière quotidienne. Et quand nous prions ainsi, nous reconnaissons l’humanité comme une seule famille, les hommes comme des frères. Être chrétien, c’est apprendre à discerner en chaque homme, même le plus petit ou le plus abîmé par la vie, l’image de Dieu enfouie en lui, le visage du fils ou de la fille que Dieu veut adopter par la médiation de son Fils unique, son Envoyé, Jésus.

X Pantocrator

Christ Pentocrator, vers 1670, Moscou

Il est ressuscité !

C’est le cœur de la foi des chrétiens. Jésus a vécu sa vie d’homme comme un service. Jusqu’à la fin, il n’a rien cherché pour lui-même : il a laissé Dieu prendre toute la place en lui. Pour l’amour des hommes qu’il partage avec Dieu, il s’est montré obéissant à l’amour de Dieu. Et Dieu en son immense amour, a voulu accompagner l’homme jusque dans sa mort, et la plus cruelle : car c’est bien l’amour de Dieu pour les pécheurs qui vit en Jésus. Et cet amour n’a pas reculé devant l’horreur de la mort sur une croix : Dieu très saint nous aime jusqu’à cet extrême : En Jésus, c’est Dieu lui-même qui nous accueille et qui prend sur lui toute la détresse des hommes. La croix, (que nous célébrons le vendredi saint) c’est toute cette souffrance accumulée dans le monde et qui déchire le cœur de paternel de Dieu. Mais Dieu est le Dieu vivant. Dieu ne donne pas la mort, il donne la vie. La mort, c’est l’œuvre du péché, jamais l’œuvre de Dieu. Jésus le Fils de Dieu, n’a jamais pactisé ni avec le péché ni avec tout ce qui ressemble à la mort. Et pourtant, il est vraiment mort, à cause du péché des hommes, de tous les hommes, de tous les temps ; il est mort pour les libérer des conséquences du péché; pour me libérer de mon péché.

Mais la mort n’a pas eu le pouvoir de détruire Jésus ni de le séparer de Dieu, puisqu’en lui, il n’y a aucun péché. Au matin de Pâques, Jésus Christ est ressuscité. Dieu l’a ressuscité pour nous, pour détruire le pouvoir de la mort éternelle qui pesait sur nous. Sa résurrection est contagieuse !

Résurrection

Fresque peinte,descente aux enfers Eglise Saint Sauveur à Istambul

Jésus Christ ressuscité est monté auprès de Dieu (fête de l'Ascension). Il nous communique à nous qui croyons en lui, quelque chose de sa propre vie, son Esprit Saint (fête de Pentecôte). L’Esprit Saint, c’est Dieu qui, invisiblement, mais très réellement, vient jusqu’à nous dans notre faiblesse, pour faire de nous des vivants, même si nous mourrons. Aucun mot de la terre ne peut traduire cette expérience d’être rejoint et aimé jusque-là ! C’est la joie chrétienne, une joie que nul ne peut enlever à celui qui l’a reçue de Dieu. Une joie qui explose dans la louange et peut se voir même dans la souffrance.

 

  La messe est le culte catholique le plus important.

messe eurexpo

Célébration eucharistique 14 octobre 2012, Lyon Eurexpo

C’est un rassemblement qui est une invitation (le mot grec ekklesia pour dire Église veut dire appel, convocation). L’Église, c’est le peuple de tous ceux qui sont appelés par le Christ et ont reçu le baptême en son nom. La messe refait les gestes de Jésus lors de son dernier repas avant sa mort (dont nous faison mémoire le jeudi saint).

Que faisons-nous à la messe ? On y écoute la Parole de Dieu transmise dans les Écritures la Bible et  les quatre évangiles qui parlent de Jésus ; on y loue Dieu pour la création, pour sa Révélation à Israël le Peuple qu'il s'est choisi et a libéré de l'esclavage, et finalement pour la venue de Jésus le Sauveur du monde. On vient  remercier Dieu, mais en se reconnaissant pécheurs. Nous prions pour le monde, car nous apportons avec nous ce monde dans lequel nous vivons,  aimons,  travaillons ;  et nous prions aussi pour ceux qui ne sont plus là mais qui sont confiés à Dieu. Nous prions avec le ciel, avec les anges et tous les saints. Et surtout, nous faisons mémoire du dernier repas religieux de Jésus, ce repas au cours duquel il a donné le sens de sa vie et de sa mort, pour que ces gestes rituels, qui sont faits en mémoire de lui, soient pour nous la source qui nous donne la vie éternelle. C’est lui que nous attendons : maintenant, dans la prière et le partage du pain et du vin consacrés, comme il nous a dit de le faire ; et à la fin des temps, lorsqu’il reviendra pour remettre le monde à Dieu.

Faites ceci en mémoire de moi !

Dans l’évangile, il y a deux récits des derniers gestes de Jésus au milieu des siens avant ce moment que nous appelons la Pâque, et qui est son passage vers Dieu à travers sa mort sur la croix et sa résurrection :

Le premier récit, raconte le dernier repas et le partage du pain :

sainte Cène

Icône byzantine

Ce pain est le signe de la vie donnée et partagée de Jésus : en partageant le pain consacré, comme il l’a fait lui-même juste avant sa mort, nous devenons ce que Jésus a promis : son corps, c’est à dire d’autres lui-même, d’autres christs prêts à partager, à donner leur vie dans le service des autres. Mais quel chemin à parcourir, quelle lutte quotidienne contre notre égoïsme naturel !

L’autre récit, dans l’évangile de Jean, raconte le lavement des pieds :

lavements-des-pieds

                               Psautier de la reine Indeburge, 1200.  Le lavement des pieds .
Le dernier soir, avant ce repas, Jésus a ceint un linge et a lavé les pieds de ses disciples. Ce geste étonnant nous rappelle que Jésus s’est fait serviteur. Là aussi, quel chemin ! A sa suite, aucun chrétien ne devrait jamais exercer de pouvoir injuste sur les autres : servir est le verbe qui devrait le mieux convenir à un chrétien !

Enfin, nous appelons la messe « Eucharistie », ce qui signifie : louange puisque Eucharistein, en grec, ça veut tout simplement dire : rendre grâce, c'est-à-dire « Merci ! », « Merci » à Dieu, pour tout ce qu’il fait pour tous ! Et ça, ça donne envie d’aimer les autres, de les rejoindre et de les servir !

Certes, un chrétien est un homme comme les autres, empêtré dans les mêmes problèmes quotidiens. Mais la confiance en Dieu engage à considérer la vie selon la volonté de Dieu qui ne veut que notre bien ! La confiance en Lui fait naître le courage. Concrètement, nous nous efforçons d’être fidèles aux commandements de Dieu ; cela nous amène ainsi à considérer :

-   Que toute vie humaine doit être protégée dès le sein maternel et jusque dans l’extrême vieillesse

-   Que Dieu a remis la création à l’homme ; que c’est donc à lui de l’organiser, mais souvent, il l’organise à l’envers et il la détruit.

-   Que l’argent, par exemple, doit être au service de l’homme et non l’inverse !

-   Que tout homme, toute femme, enfin, est libre dans son cœur et dans sa conscience, et doit l’être dans ses choix de vie, car chaque homme, chaque femme, chaque enfant, est appelé à être une demeure de l’Esprit de Dieu et doit être respecté comme tel.

Par le baptême, et les autres sacrements, les chrétiens reçoivent la force de vivre ces appels concrets à choisir la vie selon l'appel que Dieu leur adresse. Ce n'est donc pas une morale de vie "à la force du poignet", mais un accueil en soi de l'Esprit Saint qui donne cette force. Voilà pourquoi Jésus s'est adressé à ses disciples en leur disant : "Réjouissez-vous, parce que vos noms sont inscrits dans le ciel" (évangile selon saint Luc chapitre 10, 20).

Allez dans la paix du Christ !

C’est ainsi que le prêtre nous renvoie à la fin de la messe. Dehors, à la maison, au travail, dans la société, la foi nous encourage à être des témoins engagés, des hommes et des femmes libres, capables de résister aux côtés de tous les hommes de bonne volonté, pour dire à ce monde encore englué dans tant de violences et d’égoïsmes, que la vie, la vraie vie, celle qui ne passe pas, jaillit du cœur de Dieu.

Alors, nous nous souvenons de la parole de Jésus :

« n’ayez pas peur ! »

Chagall, ange                                                                          

                                                                                       Chagall, l'ange bleu, 1938

 

Oui, vraiment Dieu nous aime !