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La Foi des Chrétiens

- La résurrection des morts ***

Je crois à la résurrection de la chair

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PIlier du jugement StrasbourgAvec retenue, le Credo de Nicée Constantinople confesse : « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ». Au sujet du devenir des morts, bien des chrétiens pensent à un devenir purement spirituel, la mort étant comprise comme le changement ultime de mode d’exister où le corps n’a plus d’importance. Si au ciel nous sommes comblés par la vision de Dieu, notre corps biologique, en effet, ne nous manquera pas !

Détail du pilier du Jugement cathédrale de Strasbourg

Le symbole des apôtres affirme pourtant : « Je crois à la résurrection de la chair ».  Saint Paul enseigne que toute notre vie – dans sa triple dimension physique, psychique et spirituelle – est assumée par le Christ : la puissance de Dieu transforme notre faiblesse et fait passer notre existence de ce qui passe à ce qui ne passera pas. Notre existence vouée à la mort à cause du péché est promise à la vie à cause de Jésus-Christ. Certes, il y aura des choses à laisser, inutiles dans la vie du Royaume des cieux, mais ce qui a du poids, ce qui nous a reliés à nos frères, ce qui nous a configurés au Christ, « accoutumés » à Dieu, selon les mots de saint Irénée, tout cela ne passera pas, car « L’amour ne passera jamais » (I Co 13). Or, pour que l’amour de Dieu embrase le monde, le Verbe s’est fait chair ! Et c’est corporellement que le Ressuscité est monté au ciel. Dès lors, impossible de séparer sa Résurrection et la nôtre de l’Incarnation qui en est la clé.

Nous percevons qu’entre la chair et le corps, s’il n’y a pas exactement identité, il y a pour le moins un rapport intime : puisque j’ai un corps, je suis un être de chair, même si la chair – en tant que matérialité brute, tant psychique que biologique – ne dit pas tout de ma personne. Au sein de l’unique réalité personnelle, le Nouveau Testament distingue la chair de l’esprit. Mais ce n’est pas pour « couper l’homme en deux ». La distinction entre la chair et l’esprit chez Paul n’oppose pas ces deux réalités en elles-mêmes, mais deux manières d’user de ces réalités : comment usons-nous de notre corps, de notre intelligence, de notre esprit ? Est-ce dans un repli mortifère ou dans l’accueil de l’altérité et le don de soi ? La chair peut ici se comprendre métaphoriquement comme l’être pour la mort. L’esprit est au contraire ce qui peut croître et, saisi par l’Esprit Saint, s’épanouir. C’est l’être pour les autres, celui qui ne meurt pas.

Notre corps est en quelque sorte l’écriture de notre vie. Si l’on peut y lire le temps, la filiation, l’inscription dans un peuple et dans une histoire, il est aussi l’expression de ce rapport symbolique entre la chair et l’esprit. Là non plus, le corps n’est pas interchangeable ; le corps, c’est l’identité propre de la personne, l’intention réalisée, la volonté en acte.

La résurrection de la chair rétablit donc la dimension corporelle, c'est-à-dire éminemment personnelle, historique, marquée par ce que chacun a fait de son existence pour et avec les autres. Elle ne sera pas sans rapport avec le monde, car la réalité visible sera aussi transformée: telle est l’espérance chrétienne depuis Saint Paul jusqu'à l'enseignement du Concile Vatican II. Le comment nous échappe ; nous n’imaginons plus la résurrection de la chair comme une réanimation de cadavres ! La résurrection est à comprendre comme l’achèvement, l’accomplissement de tout notre être dans l’Esprit Saint. L’amour de Dieu répandu dans les coeurs fera vivre nos corps, et la singularité de chaque personne visible aux autres, rendra visible la puissance en elle de l’Esprit qui donne la vie : nos corps charnels deviendront alors corps spirituels dans une parfaite communion entre nous. Non pour combler un manque, mais pour que soit manifestée la joie de toute la Création, puisque le ciel et la terre avec nous attendent « les cieux nouveau et la nouvelle terre » quand le Seigneur reviendra.

                                                            Martine Mertzweiller

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